© Patrice Wooley

Occuper son lieu de création, de travail, de vie. Voilà le seul choix, en France, que la culture et ses artistes, interprètes et intermittents ont eu pour se faire entendre. Ceux à qui on demande de nous divertir, de nous occuper l’esprit quand il y a un besoin viscéral d’évasion ou simplement pour nous éveiller, et s’endormir moins con.

Plus d’une trentaine. C’est le nombre de lieux culturels occupés depuis le troisième confinement, partout en France. Sans possibilité de manifestation autorisée, les acteurs du milieu de la culture sont résolus à tenir leur position dans le peu qu’il leur reste : leurs espaces de création. Jusqu’à peu, on pouvait s’entasser dans des lieux clos, comme les centres commerciaux, véritables temples de la consommation, des supermarchés blindés sans aucun sens de circulation, mais toujours aucune possibilité de s’évader devant une pièce de théâtre avec la règle d’un siège sur deux. Aucune possibilité non plus de découvrir un film ou une exposition au sein d’un cinéma ou d’un musée, où des protocoles sanitaires stricts pourraient amplement être mis en place. Le caractère « non essentiel » supposé et décidé par les plus hautes sphères de l’État, sacrifie ce qui fait l’histoire et l’identité française. Manque de chance, la culture ne se consomme pas mais se partage, se vit.

La politique est une question de choix. Il est fait, et ce depuis plus d’un an. Celui de casser les rêves, on ne peut plus nécessaire en ces temps obscurs, pour tous les pans de la société. Mais c’est celui censé nous faire vivre ces rêves qui en pâtit le plus. Annihilant le peu qui osent, encore, esquisser un semblant d’espoir et de joie. La culture ne meurt jamais, elle peut être muselée, contenue mais elle renaîtra, non sans mal, pour critiquer, faire rire, pleurer et remettre en question la pensée unique, qui s’implante peu à peu dans le terreau fertile de l’incertitude.

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