Depuis Mars dernier, les salles de concert restent vides ©Felix Mooneeram

Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, les salles de concerts sont fermées à double tour. Des applications et des sites internet se sont créés, afin de diffuser des spectacles vivants à un public qui aimerait retrouver ces salles combles.

Des salles de concert et des théâtres à l’arrêt, un coup à l’arrière de la tête de tous les employés du monde du spectacle, des propriétaires de salle aux musiciens en passant par les techniciens. Un monde du spectacle en difficulté, qui dû s’adapter face à ces nouveaux défis.

Pendant le premier confinement, des artistes ont sorti leurs instruments et ont joué depuis chez eux, en direct sur les réseaux sociaux. Ces lives improvisés ont permis de tenir l’absence de concerts pendant un mois ou deux. Cependant, le modèle ne fonctionnait pas puisqu’il n’apportait presque aucun revenu aux artistes.

Dès le début de l’année se sont créées des plateformes destinées à faire vivre le monde du spectacle, en diffusant des concerts en direct, en rémunérant les artistes ainsi que les techniciens. Selon les plateformes, il est possible de payer le concert à l’unité en pay per view comme sur Youtube, ou de donner un pourboire et un cachet unique à l’artiste, comme c’est le cas pour la plateforme Twitch.

Pour les artistes, l’exercice est nouveau et pour le moins perturbant. Une longue durée passée sans jouer en direct, une fosse et des gradins vides. Pour Fred Camaria, chanteur d’un groupe de reprises et habitué des tournées nationales, l’exercice semblait étrange. « Je n’avais jamais fait un vrai concert sans public, c’était étonnamment impressionnant de se retrouver seuls devant une salle vide ». Le chanteur insiste particulièrement sur l’utilité de ces fonctions de streaming, qui permettent une rémunération pour chaque concert. « Nous ne gagnons pas autant qu’avant, mais nous sommes mieux rémunérés qu’en chantant sur Instagram ou qu’avec une captation disponible sur Youtube ».

La différence la plus marquante se fait au niveau de la salle elle-même. Les fosses vides de public sont un crève-cœur pour les musiciens, bien qu’ils soient heureux de pouvoir jouer en direct et exercer leur profession. « Nous préférons la musique sur scène, celle jouée devant le public, c’est avant tout pour cette raison que nous avons un groupe. Le public sur internet est difficile à appréhender, on ne le voit pas réagir et on ne l’entend pas non plus, normalement on sait en direct si le public apprécie le spectacle ou non, maintenant c’est presque impossible », détaille Fred Camaria. Le public comme baromètre absent, qui fait sentir encore plus le poids de la pandémie sur les artistes.

De son côté, le public souffre aussi de cette situation. Pour beaucoup, l’intérêt est d’être présent, de vivre un moment avec tout ce que celui-ci implique. « L’écran crée une distance entre la foule et les artistes. Cela devient difficile de créer du lien quand on ne peut pas discuter avec les spectateurs à la sortie de la salle », explique Fred Camaria.

Une aubaine pour les directeurs de salle

Du côté des directeurs de salle, le live sur internet permet de sauver ce qui peut l’être. « L’année 2020 a été catastrophique, le direct a permit au théâtre d’accueillir des spectacles et de les diffuser,  sans ces rentrées d’argent il aurait été presque impossible de voir le théâtre survivre », note Emmanuel Plassard, directeur du Théâtre du Vésinet, dans les Yvelines.

Le chiffre d’affaires de ce théâtre a certes été réduit de 50%, mais c’est, selon Emmanuel Plassard, mieux rien. « Grâce à ces fonds, nous avons pu conserver notre équipe de techniciens, et continuer d’attirer tout types de spectacles dans notre salle. Nous travaillons en respectant les protocoles sanitaires et, pour l’instant, tout se passe a merveille. Nous avons toutefois hâte de revoir le public ». Le public manque à tous et le retour d’une activité normale serait idéal pour ces directeurs qui savent bien qu’un retour au beau fixe n’est pas à l’ordre du jour.

Du côté des techniciens le problème est différent. L’absence de public ne gêne pas. Elle peut parfois être arrangeante. Pour Margot Byard, régisseuse lumière dans le Rhône, les salles vides ne changent presque rien. « Au départ, nous avons ressenti le vide. Mais très vite l’habitude à pris le dessus et pour nous, rien ou presque ne change dans notre travail classique. On branche les mêmes câbles et on appuie sur les mêmes boutons ». Un travail en régie similaire, à une différence près tout de même. En direct et avec le public, ces derniers ne doivent pas voir les régisseurs s’activer sur et hors du plateau, alors qu’en streaming les techniciens ont une plus grande liberté de mouvement dans la salle.

« Ce qui nous a changé c’est le besoin de polyvalence, constate Margot. Je suis formée pour la lumière mais, pour une captation, je vais devoir apprendre à gérer une caméra en direct. J’ai également appris à diffuser des animations sur des plateformes de streaming ». Un nouveau savoir-faire qui prend du temps à intégrer, mais qui pourra toujours faire valoir une certaine diversification au moment de se trouver des prestations sur lesquelles travailler. Emmanuel Plassard explique qu’avoir « des techniciens capables d’exécuter plusieurs tâches en étant compétents représente un réel atout pour attirer des groupes dans notre établissement ».

Ces plateformes de diffusion en direct auront permis aux différents acteurs du monde de la musique sur scène de survivre à la pandémie. Ou, du moins, de tenir bon.  Le public et les artistes se sentent certes un peu dérangés par l’absence de contact, bien qu’ils la comprennent. Enfin, en régie, la différence est moins marquée, sauf dans les nouveaux outils de travail à découvrir.

De leur côté, des chaînes de télévision se sont également organisées afin de proposer sur leur site internet des concerts retransmis sur leurs sites comme ARTE, qui a publié 600 concerts sur sa chaîne, ou la nouvelle antenne du service public Culturebox, qui diffuse chaque semaine des évènements en direct sur son site internet. De quoi tenir le temps de voir les salles rouvrir.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici