« 94% des participants de Musicals et Solidays disent ne pas vouloir assister au festival assis.». © Wendy Wei / Pexels

Les festivals en France sont tiraillés entre maintenir ou annuler. Cette année encore, de nombreux rassemblements musicaux ont dû annoncer un ajournement de l’évènement en raison du contexte sanitaire. Ce qui n’empêche pas certains de tenter de le maintenir pour cet été.

« C’est une de nos priorités de maintenir cet évènement car il est important de retrouver le contact avec les festivaliers ». Cette phrase, prononcée par Louise Richard, assistante billetterie et coordinatrice des bénévoles pour le festival Pause Guitare, à Albi (Tarn), exprime clairement l’importance de ne pas reporter une nouvelle fois l’évènement. Thomas Way, chargé de communication pour Ecaussystème, un évènement musical également basé à Gignac (Lot) estime « qu’il est nécessaire de retrouver du lien social et de rester solidaires. » Quant à Jean-François Fauroux, directeur du festival Les Arts’Scénics, il évoque que le maintien du festival relève « davantage d’enjeux moraux que financiers. »

Après une année 2020 où bon nombre d’entre eux ont dû reporter voire annuler leur tenue en raison de la sortie du confinement et de la difficulté à rassembler autant de monde dans un même endroit. Pour l’année 2021, la donne est différente. Bon nombre d’organisateurs de festivals ont dû annuler à cause des différentes mesures prises par le ministère de la Culture. Jauge à 5 000 personnes assises, distanciation sociale, gestes barrières, port du masque… Autant de règles strictes qui ont poussé certaines organisations festivalières à repousser leurs évènements pour une deuxième année consécutive.

L’adaptation des organisateurs face aux mesures

Qui dit maintien d’un festival dit instauration d’un strict protocole sanitaire. Pour ce faire, Les Arts’Scénics, Ecaussystème et Pause Guitare le mettent donc en place par différents moyens. Le directeur des Arts’Scénics relève la particularité de l’édition 2021 avec « six scènes au lieu de deux, qui seront éparpillées. Nous ferons par ailleurs tourner le public qui sera assis. » Le chargé de communication d’Ecaussystème dévoile la manière dont le festival mettra en place le protocole sanitaire et y travailler « depuis un mois et demi dessus », avant de détailler que la jauge « n’excèdera pas les deux mille cinq cents personnes assises. »

Quant à Pause Guitare, l’association travaille déjà sur ces mesures « depuis novembre 2020 », relate l’assistante billetterie du festival. Elle explique également que l’association a engagé une référente COVID qui analyse les décrets et la façon dont évolue les restrictions. Par la suite, Louise Richard indique les modalités du festival, « étalé sur deux week-ends au lieu d’un », avec l’installation de chaises dans la fosse de la scène.

Pour ces trois évènements festifs, le fait d’asseoir les festivaliers enlève le charme de ces rendez-vous mais ne les décourage pas pour autant à les maintenir. Et ce malgré les directives gouvernementales qui ne cessent d’être modifiées.

COVID-19 oblige, les festivals qui ne sont pas annulés se voient obligés de modifier leur organisation. La frustration est forcément présente pour les associations qui travaillent plusieurs mois en amont sur le festival et tout ce qui tourne autour. Thomas Way ressent de la frustration de ne pas pouvoir travailler normalement en raison des mesures. Louise Richard partage le même avis en reconnaissant qu’il « n’est pas évident de pouvoir travailler dans ces conditions car les normes changent constamment. » Malgré la situation difficile que traverse le monde musical, Louise Richard souligne « l’importance de tous (associations, partenaires et prestataires) de se soutenir en cette période et de continue à travailler. »

En ce qui concerne la billetterie, Pause Guitare a pu la garder quasiment intacte, tout en ajoutant quelques modifications. Louise Richard rapporte que les billets achetés l’année dernière sont valables cette année et qu’ils ont déjà rempli la moitié de la jauge. Avant d’indiquer que « des billets sont toujours en vente. » Cependant, les représentations de Niska, Angèle, Damso, Izia et Wejdene, stars de la musique urbaine, n’auront pas lieu et ont été remplacées par d’autres artistes. La principale raison est l’allongement des festivals sur 15 jours. « Pour les artistes de jouer un concert devant 5 000 personnes alors qu’en temps normal, le public est bien plus nombreux. », insiste Louise Richard.

Néanmoins, de nombreux festivals n’ont pas pu maintenir leur billetterie comme cela s’est produit avec Ecaussystème. « Nous avons remboursé les billets prévus et nous la rouvrirons très prochainement », explique Thomas Way. Les associations ayant maintenu leurs évènements annuels souhaitent tout de même que leur festival ait lieu malgré les annonces faites hier soir par le président de la République.

Un retour à la normale espéré l’année prochaine

Les festivals espèrent un retour à la normale d’ici à l’année prochaine. « Avant de penser à l’édition prochaine, nous sommes pleinement concentrés sur la tenue du rassemblement cette année », admet Thomas Way. Louise Richard, pour sa part, aimerait bien retrouver un format normal comme les années précédentes, « sans masque et restrictions du nombre de participants », ajoute-t-elle. Avant de reconnaître qu’elle préférerait que le festival ait lieu dans ces conditions que pas du tout. Jean-François Fauroux est du même avis : « On souhaite vraiment un retour à la normale. »

Avant de penser à un retour à la vie d’avant, les festivaliers qui auront la chance de participer aux festivals pas encore menacés par un report devront s’habituer à rester assis tout au long de la performance de l’artiste. Une première pour un lieu réputé pour sa festivité, ses pogos et la joie de pouvoir chanter jusqu’à ne plus avoir de voix. A noter qu’à la suite de sondages réalisés par Musilac ou Solidays, 94% des participants interrogés par Musilac ne veulent pas assister au festival assis.

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