Sur l’année 2020, le rapport révèle « une perte économique totale comprise entre 1,53 et 1,8 milliard d’euros pour les seuls festivals de musique et entre 2,3 et 2,6 milliards d’euros pour l’ensemble des 4 000 festivals annulés du monde culturel. » © Sebastian Ervi / Pexels

Une nouvelle année blanche se profile pour de nombreux festivals. Pour les évènements qui ont décidé de ne pas aller au terme de l’édition, les conséquences économiques se présentent.

Les Eurockéennes de Belfort, le plus grand festival de France, n’aura pas lieu cette année. La pilule est dure à avaler pour les grands festivals hexagonaux tels que le Lollapalooza, le Main Square, Festival Beauregard, le Hellfest, Garorock ou Solidays qui ont dû annuler leur édition. Le 8 mai 2020 est parue une étude de France Festivals intitulée Festivals annulés : estimer la perte économique et sociale. Elle dresse un état des lieux des pertes économiques liées aux seuls festivals musicaux. Sur l’année 2020, le rapport révèle « une perte économique totale comprise entre 1,53 et 1,8 milliard d’euros pour les seuls festivals de musique et entre 2,3 et 2,6 milliards d’euros pour l’ensemble des 4 000 festivals annulés du monde culturel. »

L’année 2021 n’est pas en reste avec les rassemblements musicaux ajournés. Les festivals qui prennent la décision de ne pas maintenir leurs dates le font principalement en raison des restrictions sanitaires imposées par le ministère de la Culture. Jérémy Bringuier, directeur de Montauban En Scènes, un festival situé à Montauban (Tarn-et-Garonne), évoque les raisons qui l’ont poussé à ne pas pouvoir assurer le festival pour une deuxième année consécutive. Des raisons financières entre autres : « Maintenir le Montauban En Scènes avec la jauge de 5 000 personnes nous aurait fait perdre 40 à 42% du chiffre d’affaires, qui oscille autour du million d’euros », expose-t-il. Avant d’indiquer la difficulté de tenir correctement des prérogatives qu’il juge « intenables » et des promesses faites par l’Etat concernant la tenue des festivals. « L’organisation du Montauban En Scènes se fait en amont, soit plusieurs mois avant les dates des concerts dont 6 mois sont consacrés à définir les enjeux de programmation et de budget », ajoute Jérémy Bringuier.

Le directeur du Montauban En Scènes confie avoir réalisé une simulation en février dernier avec les mesures sanitaires et a dû se résoudre à ajourner le festival. « Notre festival accueille 24 000 festivaliers sur quatre jours et il était impensable de n’accueillir que 1 800 personnes assises », dévoile-t-il.

Des évènements coupés dans leur élan

De nombreuses associations ont décidé de ne pas tenir le rassemblement en raison des pertes économiques que les restrictions sanitaires engendraient. Jérémy Bringuier dévoile que le festival était bien parti quant à sa vente de billets. « Sur une seule soirée, nous avons vendu 7 000 billets », révèle-t-il. Avant de devoir annuler les représentations prévues, « quelque chose de délicat », admet-il. Le directeur de l’évènement développe la difficulté de maintenir le rassemblement car « il y aura davantage de pertes que de bénéfices. » Il appuie ensuite sur l’importance de la billetterie, du sponsoring, de la régie et de la restauration.

Jérémy Bringuier trouve impensable d’assister à un évènement « sans pouvoir se restaurer tout au long de la journée. » Avant d’ajouter « qu’un festival a pour but d’être convivial, de s’amuser et de ne pas rester assis sur une chaise et masqué. Les mesures restrictives auraient coûté quelques dizaines de milliers d’euros entre les brumisateurs et le gel hydroalcoolique, par exemple. »

Gabriel Massei, chargé de communication pour La Nuit de l’Erdre, basé à Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique), confie que la vente de billets avait extrêmement bien démarré pour le festival, avant d’annoncer une seconde annulation. Néanmoins, il souligne la chance « de posséder une trésorerie saine », laquelle permet de combler « un déficit de quelques centaines de milliers d’euros. » De plus, le chargé de communication trouve que le monde de la culture est plutôt bien aidé « d’un point de vue financier », malgré les zones d’ombre présentées par le gouvernement.

Marion Berthet, responsable communication du Foreztival localisé à Trelins (Loire), avoue que l’association n’a pas voulu maintenir l’évènement : « Nous n’avons pas vraiment creusé la question des coûts supplémentaires que causerait la réorganisation du festival. Nous avons été le premier festival français à annuler notre édition 2021 en décembre 2020. » Par la suite, elle évoque que le festival est autofinancé à hauteur de plus de 95% et que 80% des dépenses servaient à financer les artistes.

Des acteurs importants pour certaines régions

Si la période est dure pour l’univers festivalier, les partenaires restent tout de même fidèles. « Nos partenaires sont très fidèles car ils ont un intérêt économique à être mentionnés comme partenaires », confirme le directeur du Montauban En Scènes. Même son de cloche pour le festival La Nuit de l’Erdre. « Nous avons reçu beaucoup de soutien de la part de nos partenaires et ils sont nombreux avec nous », rapporte le chargé de communication du festival. Marion Berthet concède aussi que leurs partenaires pour le festival continuent de les soutenir. 

Le Foreztival, Le Montauban En Scènes ainsi que La Nuit de l’Erdre sont des évènements qui ont un certain impact sur leur région. Marion Berthet indique que « les retombées économiques autour du festival profitent beaucoup à la région. » Malgré l’annulation du Foreztival, l’association a trouvé une autre façon de faire vivre la culture du 2 juin au 8 août prochain : « Nous sommes en train d’organiser 87 dates gratuites à voir, à entendre et à partager dans les 87 communes de la Loire. A travers ce dispositif, nous voulons promouvoir la culture sous toutes ses formes (concerts, spectacles, ateliers) et donc associer les différents acteurs culturels, économiques et sociaux », déclare Marion Berthet.

Jérémy Bringuier met en avant la capacité de son festival à avoir touché des participants vivant à Toulouse et également d’autres régions alentours mais aussi l’impact économique concernant l’agglomération de Montauban : « L’économie locale est à l’arrêt en raison des différentes restrictions gouvernementales. Les hôtels et terrasses de restaurant affichaient complet et c’est toute la région qui en profitait », conclut Jérémy Bringuier.

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