
Les festivals de BD essaient de trouver des solutions face à la crise sanitaire. Malgré le contexte, certains d’entre eux ressortent avec des idées plein la tête pour les prochaines éditions.
D’après une étude de l’institut GfK, que le Virus de la Culture a pu se procurer, la BD a une part de marché dans le secteur de l’édition équivalent à 18%. En raison de la mise en place d’un troisième « confinement », les organisateurs de festivals de BD se sont retrouvés face à deux solutions. Annuler cette édition ou la maintenir via Internet. Pour ne pas complètement couper le fil, certains de ces évènements ont fait le choix de mettre en place des expositions, activités et jeux afin de continuer à faire vivre la culture et donc la BD de différentes manières.
A Pornichet (Loire-Atlantique), le festival Pornichet Déam’bulles, qui se déroule tous les deux ans, a été contraint de reporter son édition à l’année prochaine malgré un travail acharné pour ne pas l’ajourner : « Nous avons tenté par tous les moyens de maintenir le festival. Avant que le troisième confinement ne soit annoncé, nous avions mis en place des rendez-vous dédicaces avec plusieurs auteurs en respectant le protocole sanitaire », raconte Christelle Tripon, directrice de la médiathèque et de Déam’bulles.
Si la troisième édition a été annulée, deux expositions extérieures ainsi qu’un jeu d’énigmes intitulé BD’nigmes sont toujours présents : « Pour les deux expositions, nous avons décidé de les exposer dans la ville afin de pouvoir proposer un moment culturel. Quant au jeu BD’nigmes, il a découlé d’un partenariat avec 14 commerçants. Bon nombre d’entre eux ont dû baisser le rideau et ont tout de même accepté de coller les énigmes sur leurs vitrines », témoigne la responsable de la médiathèque, avant d’indiquer que c’était une « vraie action pour montrer que la culture est toujours présente. » Ces expositions et ce jeu offrent une balade culturelle tout en restant dans un rayon de 10 kilomètres autour de son domicile.
Certains festivals de BD passent par le numérique
Le festival Les Bulles, localisé à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) a lieu tous les deux ans, s’est organisé numériquement afin de pouvoir continuer la programmation du festival, comme cela était déjà le cas l’année dernière. Pour les organisateurs de l’évènement, il était impossible d’annuler en raison de l’organisation déjà prête (animations, lancement des concours). Ils sont donc allés jusqu’au bout, au point de l’étaler sur tout le mois d’avril au lieu de deux jours : « Nous avons élargi les dates du festival en raison de la crise sanitaire car les ateliers qui se déroulent en présentiel ne peuvent accueillir que huit enfants », dévoile-t-il.
Antoine Marais explique leur adaptation aux conditions : « Nous nous sommes inspirés de ce que faisait le Festival de BD d’Aurillac sur la plateforme Twitch. Nous avons gardé des évènements en présentiel comme les ateliers de dessin pour les 10-13 ans qui affichent complet. » Un parcours dans la ville mène aux trois expositions présentes durant le rassemblement et maintient une partie de la huitième édition en physique.
Les séances dédicaces, quant à elles, se déroulent en visioconférence entre différents auteurs et les participants et connaissent un certain succès : « Les participants répondent aux rendez-vous malgré la contrainte du visio », note Antoine Marais. Par la suite, le responsable du rassemblement de BD Les Bulles évoque la façon dont est diffusée le festival sur les réseaux sociaux : « Essentiellement pour les temps forts du festival sur Instagram, Facebook ou YouTube. » Si les vidéos ne sont vues que trente fois dans le mois, elles sont davantage visionnées et peuvent atteindre 2 000 vues en trois mois. « C’est une pente lente mais certaine sur le long-terme. »
Un apprentissage certain quant à l’organisation d’un évènement
La crise sanitaire a poussé de nombreux évènements culturels à modifier leur approche sur l’organisation d’un festival. La responsable du festival Déam’bulles est satisfaite d’avoir pu montrer une grosse capacité d’adaptation malgré l’annulation de l’évènement. « L’organisation de cette édition a certes été éprouvante mais aussi très formatrice car on a tenté de s’adapter aux différentes règlementations tout en expérimentant de nouvelles façons de mener un festival », affirme Christelle Tripon. Avant d’ajouter que « des idées seront conservées » pour les prochaines éditions comme « la déambulation dans la ville. »
Antoine Marais, un des organisateurs de l’évènement, rapporte que ces deux éditions ont été enrichissantes : « nous avons appris à filmer et à relayer les évènements sur nos différents réseaux sociaux. » Avant de reconnaître avoir rencontré « quelques contraintes liées au réseau Internet » ou à des « problèmes logistiques. » Néanmoins, il aspire à un retour à la normale de l’édition Les Bulles pour 2023 et retrouver une fréquentation d’avant-Covid qui tournait aux alentours de 3 000 visiteurs sur la durée.