« Depuis plusieurs années, les entrepreneurs ont compris qu’il était primordial d’avoir une identité graphique car c’est la première chose que voient et remarquent les clients. Le but des entreprises est de toucher une cible plus large et plus précise. » © Marc Vanduffel / Pixabay

Les graphistes ne manquent pas de sollicitations depuis le début de la crise sanitaire de la part d’entreprises ou de particuliers qui souhaitent faire peau neuve.

Avant l’apparition du COVID-19, Sofiane, graphiste-illustrateur, avait été embauché en CDI dans une agence spécialisée dans l’image de marque à proximité de son domicile. « Je n’y ai réellement travaillé qu’un mois car le confinement s’est présenté, et je m’y sentais bridé du point de vue créatif », confie le jeune graphiste. L’annonce du premier confinement lui a permis de se sentir épanoui dans le freelance, d’apprendre l’animation et également d’être davantage créatif en passant « d’une illustration par mois à une ou deux par semaine. » Cela lui a fait ressentir un manque de liberté qu’il avait lors de « ses petites expériences en tant que graphiste freelance. »

« J’ai passé deux mois assez durs sans projet en freelance ni possibilité de retrouver ne serait-ce qu’un emploi non-qualifié. Je recevais des refus pour des postes de caissier chez Carrefour malgré mon Bac +3 et mes expériences », explique le jeune homme. Avant que tout se débloque en juillet avec l’obtention d’un emploi dans un rayon de grande surface, un emploi « alimentaire », et une multitude de projets freelance qui se sont présentés. « Je n’ai pas eu beaucoup de temps libre depuis, mais je ne me plains pas ! », déclare-t-il.

Evan, étudiant et graphiste, a lui aussi été séduit à l’idée de se lancer à son compte. L’avènement du COVID lui a fait comprendre qu’il ne voulait pas être un salarié dans une boîte classique. « Pour mon plus grand bonheur », s’exclame le jeune homme. Il profite de cette période pour « en sortir gagnant » en instaurant un certain rythme de travail grâce à une liste des tâches à réaliser rédigée quotidiennement qui lui offre l’opportunité d’être davantage efficace dans les tâches à accomplir.

Les graphistes davantage sollicités

Evan remarque que de nombreux clients le contactent pour tout type de créations : « Des médias, des indépendants ou des entreprises me sollicitent quotidiennement, avance-t-il. Les créations de logo, la refonte de la charte graphique, de la stratégie web et du référencement » sont les principales demandes de ses clients. La demande ne cesse de croître sans avoir besoin de démarcher les clients, et les créations se vendent de mieux en mieux. De plus, il remarque que l’épidémie de COVID­-19 a eu un bon effet sur le monde du digital car les entreprises ont pu refaire leur sites internet, ainsi que leur communication.

Maeva Pietri, graphiste et co-fondatrice d’Eikon Agency, une agence de communication composée de nombreux freelancers basée à Ajaccio (Corse-du-Sud), constate que beaucoup d’entreprises font appel à leurs services. « Ces derniers mois, nous avons plus de demandes de la part des entreprises », note-t-elle. Avant de préciser l’enjeu pour les entreprises de posséder un site Internet davantage lisible et clair : « Depuis plusieurs années, les entrepreneurs ont compris qu’il était primordial d’avoir une identité graphique car c’est la première chose que voient et remarquent les clients. Le but des entreprises est de toucher une cible plus large et plus précise. »

Pour sa part, Sofiane arrive à tirer profit de la pandémie : « Le temps libre que le confinement a dégagé m’a permis de publier davantage sur les réseaux sociaux, et donc de toucher plus de monde, témoigne-t-il. Mon nombre de followers a triplé en un an et forcément ça s’est ressenti sur les propositions de collaboration qui sont de plus en plus nombreuses; et sur les ventes que je fais sur ma boutique. » Sa boutique a été lancée quelques mois avant le premier confinement. S’il avait réalisé de nombreuses ventes avec la période coïncidant avec Noël, Sofiane n’a rien vendu durant le confinement car son imprimeur était fermé. Avant de bien reprendre à la sortie du confinement en mai : « Je pense que certains ont aussi commandé chez moi pour me soutenir vu qu’on était tous dans une logique de ‘soutenir les petits business’. » Il reconnait que la vente de tableaux prints ne représente qu’un petit pourcentage de son chiffre d’affaires sur l’année et sont essentiellement réalisés durant les fêtes de fin d’année.

Se développer pour toucher encore plus de personnes

Les objectifs d’Evan sont nombreux : « Continuer d’apprendre et de faire grandir mes différents projets. » Pour ce faire, il compte se pencher dans les prochains jours ou semaines sur différents logiciels de programmation informatique dans le but « d’ajouter des cordes à mon arc et d’être pleinement autonome lors de la création d’un projet web plus complexe. »

Maeva Pietri souhaiterait pouvoir proposer des offres au niveau national. « Actuellement, 90% des entreprises nous ayant fait confiance sont des entreprises corses, expose la co-fondatrice d’Eikon Agency. Notre projet serait de faire de la prospection au niveau national. » Elle aborde également la force d’Eikon Agency de réunir plusieurs collaborateurs venant d’univers différents de la communication, ce qui offre énormément de crédibilité et constitue donc une force.

Sofiane aimerait, quant à lui, quitter son travail d’employé de rayon en grande surface pour se consacrer à 100% sur ses projets personnels, soit « passer des journées à créer et à apprendre de nouvelles techniques. » Pour cela, il se laisse 12 à 18 mois afin de voir si cela marche. Le cas échéant, le jeune graphiste et illustrateur a un plan B, qu’il ne considère pas vraiment comme tel : « Rejoindre un studio dans l’animation ou le jeu vidéo. Dans un horizon plus proche, je compte sur les NFTs (non-fungible token) pour m’aider à faire mon trou », explique Sofiane. Il s’est pris de passion pour cet OVNI du monde des cryptomonnaies durant le premier confinement : « Mêler mes deux passions et faire des grosses ventes est une opportunité qui ne se refuse pas ! », conclut Sofiane.

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