"Une augmentation de 25% d’écoutes de podcasts a été recensée en France depuis l’annonce du premier confinement en mars 2020, d’après une étude menée par le groupe Time One." © Myriams-Fotos / Pixabay

Les podcasts artistiques arrivent à se frayer une bonne place dans le monde du podcast. Avec la pandémie qui impacte les lieux culturels, les formats audio diffusés sur les plateformes de streaming réussissent à toucher un autre public.

Une augmentation de 25% d’écoutes de podcasts a été recensée en France depuis l’annonce du premier confinement en mars 2020, d’après une étude menée par le groupe Time One. Harris Media dévoile que 5,8 millions de Français écoutent un podcast de manière hebdomadaire. Le podcast centré sur l’art se fraie un chemin et séduit de nombreux auditeurs. A défaut de pouvoir se rendre à un évènement/lieu culturel quel qu’il soit (expositions, musées, monuments), des passionnés de cette branche ont décidé de créer des podcasts. Khrystyna Burak s’occupe de la production, de la direction artistique et technique d’Artips Podcasts avec Delphine Peresan-Roudil et Benjamin Billiet qui sont les rédacteurs du podcast, une émission de 3 minutes qui raconte des anecdotes liées à des œuvres ou des artistes. La voix du journaliste Antoine Leiris porte Artips Podcasts tous les mercredis.

« A l’origine, une newsletter était rédigée et envoyée 3 fois par semaine à nos abonnés. Par la suite, nous avons souhaité nous diversifier, en proposant ce podcast lancé en décembre 2020 pour qu’ils aient la possibilité d’écouter ces anecdotes », explique Khrystyna Burak. La productrice de ce format audio court explique que ce type de réalisation répond aux besoins culturels de façon simple et accessible. Tout en estimant que l’art a parfaitement sa place dans les podcasts, Jérémie Thomas, fondateur du podcast mensuel Le Sens de la Visite, qui a pour but de donner aux auditeurs l’envie d’aller au musée, abonde dans le même sens : « J’ai fondé ce podcast pour me donner envie d’aller au musée. Ayant travaillé 15 ans en tant que marchand d’art, je ne prenais pas de plaisir à m’y rendre. Grâce à ce format, j’ai retrouvé l’envie de retourner au musée et j’ai comme objectif de donner envie aux auditeurs de s’y rendre en construisant et racontant l’histoire autour de l’art. »

En temps de pandémie, les sorties culturelles se font rares depuis maintenant plusieurs mois. « Les podcasts à visée culturelle aident beaucoup de personnes à créer, se divertir, s’instruire et avoir sa dose d’art au quotidien», développe Khrystyna Burak. Elle confie qu’il manque des formats audios dédiés à l’évasion tout en mêlant l’apprentissage, comme le fait son podcast en contant les histoires de manière décalée, pour permettre de démocratiser et de dépoussiérer l’histoire de l’art. Jérémie Thomas, quant à lui, apprécie léguer la parole à toutes les personnalités travaillant dans le milieu artistique pour entendre leurs histoires remplies de sincérité, qui donnent lieu à des portraits immersifs et intimistes au cœur de leur univers. Pour pouvoir y entrer, le fondateur du Sens de la Visite se documente, récolte des informations et se laisse guider par le feeling qui offre des témoignages sincères. « Les auditeurs s’attachent aux personnes interrogées », affirme Jérémie Thomas. Avant de poursuivre sur l’importance de l’immersion pour faire en sorte que l’auditeur ait l’impression d’assister à la conversation, avec ses écouteurs ou son casque sur les oreilles.

Mettre les petites histoires dans les grandes

Jérémie Thomas a remporté le prix du jury du Paris Festival Podcast l’année dernière grâce à son émission consacrée au faussaire Guy Ribes. Son format audio porte le nom suivant : Le faussaire est dans le vrai. L’heureux élu s’est dit « surpris » par sa victoire car de nombreux podcasts étaient en concurrence pour la victoire finale mais également par la récente création de ce dernier. Le principal intéressé a indiqué que « la sincérité, la confiance et l’envie » ont fait pencher la balance pour la victoire finale.

Jérémie Thomas et Khrystyna Burak visent avec leurs podcasts la découverte et la transmission du savoir de « manière pédagogique » pour le créateur du Sens de la Visite et de « façon ludique et agréable » pour la productrice d’Artips Podcasts. Sans avoir l’objectif d’être populaire, mais plutôt d’être le plus accessible possible pour attirer un grand nombre d’auditeurs venant de différents horizons. De plus, les deux producteurs confient qu’il est possible de s’approprier l’art grâce au podcast, qui touche de plus en plus d’auditeurs. « La progression est nette avec une hausse des audiences. Chaque épisode rassemble 4 000 à 5 000 auditeurs », rapporte Khrystina Burak. Même son de cloche pour Jérémie Thomas qui sent une augmentation de son audience après chaque titre et frôle quelques dizaines de milliers d’auditeurs.

L’habillage (l’ajout de sons et d’ambiances) est primordial pour un podcast et l’est davantage encore lorsqu’il est centré sur l’art. Khrystyna Burak détaille la façon dont la direction artistique d’Artips travaille l’habillage de ses podcasts avec « la définition en amont du podcast », et le travail à effectuer dessus. Les notes musicales et les nappes mélodiques accompagnent le récit d’Antoine Leiris sans prendre le dessus.

Quant à Jérémie Thomas, il considère le montage comme une seconde écriture. Avant d’insérer les ambiances et la musique nécessaires à la vie d’un podcast, il enregistre les bruits du lieu (musée, couvent, atelier…) avec un micro stéréo afin de pouvoir faire ressentir l’essence même du lieu et le retranscrire lors du montage. Il définit le podcast comme un outil de démocratisation, grâce à la facilité de pouvoir créer des podcasts pour tout le monde avec un simple micro et un logiciel de montage. « Pour les sons, il faut faire en sorte que l’auditeur soit en totale immersion en sachant les placer aux bons endroits », conclut Jérémie Thomas.

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