« En 2020, les humoristes ont passé six mois sur scène. » © Domenika Roseclay / Pexels

Le stand-up n’est pas épargné par la pandémie. En France, les humoristes ont passé moins de six mois sur scène en 2020. En attendant, ils essaient tant bien que mal de continuer à être présents sur les réseaux sociaux avant de pouvoir retrouver la scène.

« Le stand-up nous manque car avant d’être notre boulot, c’est notre passion ». Par cette phrase, Jonathan O’Donnell, humoriste et également chroniqueur pour l’émission Le Double Expresso, diffusée sur RTL2 et W9, déclare combien la scène lui manque. Djamel Oudni, humoriste, abonde dans le même sens : « La scène me manque énormément pour plusieurs raisons : la première est l’absence de représentations et donc de public, la seconde concerne la création car il est difficile d’être créatif avec la crise sanitaire et aussi parce qu’on ne peut pas voir les collègues humoristes. » Djamel a été freiné par l’annonce du premier confinement alors qu’il défendait sur scène son spectacle innovant La vie de rêve, qui mêle stand-up et hypnose : « J’ai pu le jouer deux fois, les retours étaient positifs et plusieurs productions voulaient venir voir mon spectacle », explique-t-il. Malgré le premier confinement, les deux humoristes ont gardé un certain rythme de travail.

Pour Jonathan O’Donnell, il a tout de même pu continuer de travailler avec RTL2 malgré un arrêt de deux semaines et considère cela comme « une chance, sans dépendre essentiellement de la scène ». Tandis que Djamel avait, au départ, continué de répéter son spectacle avant de se concentrer principalement sur l’éloquence et l’articulation, qui sont deux éléments importants. « Mais pas sur l’écriture », concède-t-il.

Le confinement de mars 2020 a dû pousser de nombreux humoristes à annuler leurs représentations et donc à essayer de garder un certain lien avec leurs abonnés via les réseaux sociaux comme Instagram. Hakim Jemili, Fadily Camara, Monsieur Poulpe, Jarry et Maxime Gasteuil -pour ne citer qu’eux – ont donc lancé des shows afin de rester en contact avec les viewers et de faire en sorte d’oublier ce moment maussade traversé. En revanche, si certains humoristes apprécient utiliser ce format spontané, Jonathan O’Donnell n’a pas pris le temps de travailler ce genre de format. « Quand je vais sur mes réseaux, c’est plus pour des délires spontanés, pas trop préparés», indique le chroniqueur et stand-upper. Tandis que Djamel Oudny n’apprécie pas cette pratique.

Djamel Oudny partage le même avis : « C’est une pratique différente, je trouve que le sketch n’est pas adapté à Internet ». En parallèle, Djamel est également chroniqueur pour le podcast L’heure de Gloire, un podcast humoristique diffusé sur Deezer et confie que cela permet de garder un lien et une activité autour de l’humour et de la culture. « Les auditeurs nous le rendent plutôt bien et nous remercient de les faire rire malgré le contexte difficile », relate l’humoriste et chroniqueur.

« C’est dur de s’habituer à ne pas voir le public rire »    

Les salles de spectacles ont pu de nouveau accueillir des spectateurs dès le mois de juin. Quatre mois plus tard, les salles ont dû de nouveau baisser les rideaux en raison du second confinement. Durant ce laps de temps, de nombreux stand-uppers ont pu remonter sur scène comme cela a été le cas pour Jonathan O’Donnell et Djamel Oudny. « Je n’ai pas joué mon spectacle, je n’ai fait que des scènes ouvertes, environ une trentaine. Sachant qu’un humoriste joue une centaine de fois par an », explique Jonathan.

Quant à Djamel, il a fait beaucoup de scènes de juin à octobre. « J’ai joué un peu partout en France : à Biarritz, à Lille, à Paris et en région parisienne », raconte-t-il. Les deux humoristes ont ressenti beaucoup de soulagement lorsqu’ils ont pu remonter sur scène après trois mois d’inactivité. « La première scène était une catastrophe car je manquais d’entraînement mais ça m’a soulagé car ça a instauré une nouvelle dynamique », admet Djamel. Pour le chroniqueur du Double Expresso, c’était aussi une bonne chose de retourner sur scène. Tout en reconnaissant que « c’est dur de s’habituer à ne pas voir le public rire derrière le masque ».

A la suite du second confinement, le monde culturel n’a toujours pas la moindre perspective. Les humoristes prennent également leur mal en patience et attendent avec impatience de pouvoir de nouveau fouler le parquet. « Actuellement, il est dur de faire des prévisions », note Jonathan. Sabrina Essemlani, chargée de communication et coordinatrice du Paname Art Café, institution parisienne du stand-up, révèle la difficulté pour le lieu d’être à l’arrêt. « Nous sommes uniquement ouverts pour les tournages, certains humoristes viennent écrire mais ils sont forcément frustrés de ne pas pouvoir jouer leurs blagues devant le public », indique-t-elle. Avant l’annonce du second confinement, le Paname Art Café a été contacté par France 2 afin de créer une émission centrée sur l’humour.

L’impatience du secteur

« Après être venus voir de nombreux spectacles, France 2 nous a fait part d’un créneau libre qu’ils avaient sur leur tranche horaire le vendredi en deuxième partie de soirée. Voici comment est né Génération Paname », explique la chargée de communication. Avant d’ajouter que les deux premières émissions ont été tournées au Paname Art Café et les deux autres à La Cigale, qui a reproduit le mur identique que la salle située dans le 11ème arrondissement parisien. « Génération Paname a connu de bonnes audiences et a reçu de bonnes critiques. L’émission du 27 novembre avait la deuxième audience derrière Koh-Lanta », déclare Sabrina Essemlani.

Avant de pouvoir retrouver le plaisir d’assister à une pièce de théâtre ou à une performance humoristique, le secteur de la culture doit encore patienter plusieurs semaines. Le Paname Art Café a lancé son podcast Paname Football Club, un podcast qui mélange football et humour avec des humoristes, présenté par Samir Djabali. « Le Paname Football Club a été fondé car les patrons et les humoristes qui viennent performer ici sont fans de foot », détaille Sabrina Essemlani. Avant d’expliquer que son lancement a eu lieu quelques jours avant le second confinement. « Le Paname a toujours été lié au foot et c’était donc le moment de produire ce podcast qui connaît son succès », détaille-t-elle.

Par ailleurs, les humoristes et les salles de stand-up souhaitent de tout cœur pouvoir rouvrir et être de nouveau sur scène. « J’espère un retour à la normale pour tous les secteurs », lance Djamel Oudny. Jonathan O’Donnell partage le même avis avec la fin du masque et le retour sur scène. Quant à Sabrina Essemlani, elle aspire à rouvrir avec un protocole sanitaire renforcé. « Nous avons besoin d’ouvrir, de jouer et de travailler car c’est épuisant psychologiquement », conclut-elle.

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