
En décembre dernier, le groupe Thérapie Taxi annonçait sa séparation après sept années de travail, deux albums et des tournées nationales. Pour finir en beauté, le groupe français aux influences pop rock a décidé d’offrir à son public ses derniers morceaux, imprégnés de mélancolie : l’EP Rupture 2 merde, sorti le 8 janvier.
Une annonce sur un réseau social, une rencontre à Pigalle, quelques notes d’harmonica sur un morceau de Moriarty. Un premier groupe, Milky Way, qui change de nom pour adopter celui de Thérapie Taxi en 2016. Adélaïde Chabanne et Raphaël Zaoui écrivent des textes qui touchent un public qui grossit rapidement, le premier carton Salop(e), est suivi par une signature sur le label Panenka Music.
Le groupe est efficace sur scène, un deuxième hit avec le rappeur Roméo Elvis et c’est le début des concerts sur de grosses scènes, De la Maroquinerie en 2018, ils enchaînent vite avec Solidays, le Zénith et les Vieilles Charrues. La formation change, les musiciens Renaud Bizart, Vincent Duteuil et Ilan Rabaté rejoignent le groupe, mais en Août 2020, le groupe est contraint d’annuler une grosse tournée à cause de la pandémie et se sépare en décembre.
Si le contexte de la crise sanitaire le permet, s’en suivra une tournée d’adieu, ultime cadeau à leurs fans. Rencontre avec Raphaël Zaoui, ancien chanteur du groupe, qui a d’ores et déjà prévu d’entamer une carrière solo.
Pour revenir sur la crise sanitaire, comment l’avez-vous vécu en tant que groupe, notamment l’annulation de votre tournée l’été dernier ?
Raphaël Zaoui – C’est tombé vraiment mal parce que l’on avait une tournée qui commençait en avril. Nous faisions alors une tournée pour faire la promotion de notre 2ème album. On a fait trois concerts de chauffe fin février, deux à Paris et un à Bruxelles. On avait ensuite un mois de break, notamment parce que ma copine accouchait, et ensuite on partait en tournée pré production dans une grande salle pour faire des répétitions. On devait enfin partir en tournée de Zénith sur tout l’été mais la pandémie nous a complètement coupé dans notre élan.
Est-ce que votre séparation est liée à cette situation conjoncturelle ?
Non mais disons que ça aurait été beaucoup plus simple s’il n’y avait pas eu le Covid. Ça aurait été beaucoup plus smooth, on aurait eu l’assurance de pouvoir faire notre tournée et aussi notre concert d’adieu dans la foulée. Ça aurait été à mon sens une plus meilleure fin.
Pourquoi était-ce si important pour vous d’avoir sorti un EP de rupture et de faire une tournée d’adieu ?
Parce que l’on est resté sur trois pauvres concerts un peu pourris, des concerts de chauffe. On ne se doutait pas que ça allait prendre cette tournure-là, on savait qu’on allait se séparer donc c’était important pour nous de remonter sur scène pour dire au revoir au public. On va voir si c’est toujours possible de le faire. Et l’EP d’adieu c’est parce qu’on s’est dit qu’on devait principalement ça à notre public, que c’était un cadeau qu’on devait leur faire. C’était une manière de conclure l’aventure un peu plus joliment que juste dire « Salut on se casse », une manière un peu moins ingrate. On a quand même quelques morceaux à donner pour leur dire au revoir.
Que voulez-vous que les gens retiennent de vous ?
Ce qu’ils ont envie de retenir. À vrai dire, je pense que le temps parlera, chacun a ses souvenirs personnels avec le groupe. On verra bien ce que les gens retiendront de nous. I
Quel est le plus gros challenge que vous ayez rencontré ?
Il y en a eu plein… Mais le plus marquant, c’était quand la première version de Thérapie Taxi s’est finie. Un des membres du groupe a quitté le projet et il a fallu aller trouver de l’énergie pour continuer sans lui, rester soudés. C’était un gros challenge à l’époque que de trouver les ressources pour continuer à y croire.
Sur Instagram, vous avez déjà annoncé que vous commencerez une carrière solo, vous avez écrit : « Peut-être simplement sous mon nom, peut-être sous un sobriquet plus exotique. » À quoi peut-on s’attendre ?
Je ne sais pas encore quel nom ça va avoir, peut-être sous mon nom, Raphaël Zaoui. Ce sont des choses qui se décident plus tard et qui peuvent changer en fonction du label avec lequel je signe derrière. Ça se réfléchit notamment avec une équipe et le nom est quand même un choix important. Moi j’avais plutôt envie de faire 3 albums avec Thérapie Taxi, c’était notre contrat… Donc j’ai l’impression que j’ai encore des choses à faire dans la musique, ne serait-ce que parce que je continue à écrire des sons. Comme Thérapie Taxi a bien fonctionné, des portes se sont ouvertes. Je vais essayer de continuer de sortir au moins un album solo et de voir comment le public réagit. Il me faut aussi voir quels partenaires je peux trouver. Mais si je vois que je fais du forcing, que les gens disent que ce n’est plus du tout intéressant ce que je fais en solo, je passerai à autre chose ou j’en ferai un loisir. Ce qui est sûr, c’est que je vais essayer de sortir un album pour au moins voir si c’est bien, s’il y a encore des gens que ça intéresse, voir ce que ça fait de monter en solo sur scène.
À quel type de musique peut-on s’attendre, vous dirigez-vous vers une identité musicale proche de celle de Thérapie Taxi ?
Oui, je pense que ce sera dans la continuité de Thérapie Taxi parce qu’en réalité, sur l’artistique c’était un mélange de nous cinq, mais j’ai mis beaucoup de moi dans ce mélange. Ce serait compliqué pour moi de faire autre chose, tout simplement parce que le groupe reflétait déjà ce que j’étais musicalement. Évidemment ce ne sera pas exactement la même chose parce que les ingrédients ne sont pas les mêmes et que de toute façon j’évolue, ce ne sera pas la même période. Mais globalement, ça va ressembler à du Thérapie Taxi.
Vous sentez-vous légitime et pleinement en confiance pour débuter en solo ou aimeriez-vous inclure d’autres artistes, chanteurs ou chanteuses ?
En réalité, même dans une carrière solo, ça ne change pas grand-chose. Un artiste solo reste extrêmement entouré par beaucoup de personnes pour plein de tâches. Pas uniquement sur le marketing mais aussi sur le plan musical, il y a plein de gens qui t’aident dans ton travail. Et oui, je me sens complètement légitime de tenter l’aventure dans cette optique là et ça n’empêche pas le fait qu’il y aura toujours des gens avec qui je continuerai de travailler, et qui seront toujours là pour m’aider à faire ce que j’ai envie de faire. Ce qui est sûr, c’est que je ne compte pas du tout remonter un groupe.
Quel était votre premier contact avec la musique ?
Il y a longtemps. Le tout premier, c’était sûrement dans le ventre de ma mère. J’ai commencé à faire du violon au conservatoire, puis je me suis mis à la guitare quand j’étais ado parce que je trouvais ça cool et que je pouvais chanter avec, pour draguer un peu les filles aussi. Quand on a 12-13 ans, ça fonctionne plutôt bien pour compenser un physique peu avantageux.
Avez-vous une anecdote derrière une chanson que vous avez écrite ?
Il y en a plein mais c’était un autre temps, c’étaient des chansons de Thérapie Taxi. Il y a beaucoup de chansons que j’ai écrites qui sont l’histoire de ma vie, de ce que j’ai vécu. La dernière en date c’était Madame Klaude, une chanson de notre deuxième album. C’est un hommage à des soirées que j’aime beaucoup à Paris, qui n’ont plus lieu depuis un an et qui me manquent beaucoup. Ce sont des soirées que j’ai faites pendant deux ans dans le Club de l’Étoile, à Paris.
En parlant de Paris, avez-vous l’impression que ce que vous faisiez avec Thérapie Taxi s’adressait en grande majorité aux bobos parisiens ?
A la base c’est ce qu’on voulait faire, on voulait faire du La Femme, s’inspirer de groupes très parisiens. Le premier EP est dans cette veine. Puis il y a eu notre titre Hit Sale, le fait qu’on soit passé à la radio, nos tournées dans toute la France. Donc force est de constater que ce qu’on faisait était une version de La Femme plus commerciale, plus abordable. Il y avait un côté parisien mais il y avait quand même un côté plus accessible que la pop parisienne comme je l’entends. Donc on a quand même réussi à ne pas rester qu’un groupe parisien, même si on parlait beaucoup de Paris et que c’était le cadre des chansons.
Qu’espérez-vous pour le monde d’après, pour les concerts et la musique ?
Que tout reste fermé. Pour être plus sérieux, comme tout le monde, et je suis optimiste. Je me dis qu’il va peut-être y avoir un petit summer of love, comme après tous les grands événements traumatisants. Les gens vont avoir très envie de faire la fête et il y a peut-être une effervescence qui peut être assez dingue à vivre pendant 2-3 ans. Tout le monde va vouloir compenser ce truc bizarre qu’on est en train de vivre. J’espère qu’il y aura une masse de concerts, une masse de gens, que tout le monde va prendre beaucoup de drogues, va donner beaucoup d’amour. J’espère qu’il y aura cette effervescence où l’on pourra dire qu’on y était et que c’était dingue. Après cette année complètement chiante de pandémie, les gens vont plus se lâcher et ça va créer un moment particulier.