Avec les périodes de confinement, la tendance du streaming a pris encore un peu plus d'ampleur. © Pixabay

Le streaming reste une alternative viable à la télévision, d’autant plus que l’année 2020 a vu ce type de plateforme se multiplier.

Le confinement semble être la justification parfaite lorsqu’il s’agit de déculpabiliser après avoir opté pour un abonnement mensuel à une plateforme de streaming. Preuve en est : le visionnage de vidéos à la demande a augmenté de 30% lorsque les gens ont été contraints de rester chez eux. L’exemple des Etats-Unis l’illustre, l’utilisateur moyen américain allant jusqu’à consommer huit heures de programmes par jour.

Bien que certains services y aient gagné un nombre notable de clients, d’autres, en raison de leur catalogue limité, se sont enfoncés dans une crise qu’ils connaissaient déjà. Comscore s’est occupé de récolter les informations liées au streaming durant le confinement et en a tiré la conclusion suivante : « Les dernières informations récoltées montrent que les millions d’Américains qui sont contraints de rester chez eux pour respecter les mesures sanitaires sont avides d’information et de divertissement. L’option du streaming gagne en notoriété et concourt aux côtés de la traditionnelle télévision. »

Le bilan des services de streaming

Selon Pascal Lechevallier, spécialiste de la dématérialisation et des médias, les circonstances de l’année passée ont précipité le lancement de bon nombre de plateformes de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) : « La pandémie a joué un rôle d’accélérateur, de catalyseur d’énergie dans le lancement de toutes sortes de plateformes de SVOD. Il ne s’est pas passé un mois sans la sortie d’une nouvelle plateforme. » Les périodes de confinement dessinent également de nouvelles possibilités pour les plateformes de streaming : « Le confinement multiplie naturellement le temps de loisir, et ces plateformes continuent de jouer sur leur bonne communication pour construire ou maintenir leur audience », souligne Pascal Lechevallier.

Netflix prévoyait sept millions de nouveaux abonnés au premier trimestre 2020, soit un peu moins du nombre d’abonnés que la firme revendique en France, et en a finalement accueilli plus du double. La plateforme cherche en ce moment à gagner en influence en France. Le 30 mars dernier, elle annonçait l’arrivée d’une vingtaine de nouvelles productions « made in France » courant 2021, ce qui devrait aider à marquer un peu plus « l’ancrage créatif et culturel en France », selon ses responsables. D’après Pascal Lechevallier, le succès attribué à Netflix est un tout : « La plateforme empile les couches de performances, que ce soit au niveau de la technologie, de l’expérience utilisateur ou de la profondeur de catalogue. »

Disney+ aura également profité des périodes de confinement pour booster son chiffre d’affaires. « Nous avons dépassé nos prévisions les plus optimistes », selon les mots de Bob Chapek, PDG du groupe Disney depuis février 2020. Durant le premier trimestre de l’année dernière, ce sont 21 millions de nouveaux clients qui se sont ajoutés aux 33 millions déjà présents. Ce qui bâtit le succès de la plateforme reste son catalogue de films, ainsi que ses productions exclusives, comme The Mandalorian, une suite à l’univers Star Wars.

Dans un différent registre, Imago TV fait l’objet d’un tout autre concept. La plateforme française propose gratuitement vidéos et podcasts traitant de la transition écologique, démocratique, énergétique ainsi que des questions sociales et sociétales. Fort d’une offre qui se veut différente, le site connaît un succès grandissant depuis son lancement en 2018 avec son million et demi de spectateurs réguliers. Nicolas, co-fondateur de la plateforme, pointe ce qui diffère par rapport aux autres sites : « Imago TV n’est pas une plateforme généraliste. Nous avons les atouts d’une structure associative sans réel besoin de rentabilité, et nous sommes la seule plateforme gratuite à avoir une ligne éditoriale. » Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le confinement n’a pas été une cause directe de la montée d’audience chez Imago TV : « Il y a forcément une corrélation entre le confinement et les pics d’audience. Seulement, la communication a davantage joué sur les visites, qu’elle soit médiatique ou non », précise le co-fondateur de la plateforme française.

Les petits dans la cour des grands

Malheureusement pour d’autres, le lancement de leur plateforme n’aura pas connu le succès escompté. Les réels « géants » du streaming ne sont pas nombreux, et la richesse de leur catalogue est un facteur déterminant lors du choix par le spectateur du service approprié, ce qui ne laisse pas une énorme marge de manœuvre à ceux qui tentent de s’y frayer un chemin.

Le 20 octobre 2020, TF1, France Télévisions et M6 marquaient le lancement de la plateforme Salto, un service français de vidéo à la demande, qui compte maintenant 200.000 abonnés. La ligne directrice : mettre l’accent sur le contenu français afin de se différencier de Netflix. Des programmes à succès tels que Koh-Lanta, Plus Belle La Vie ou encore Enquête Exclusive s’y trouvent en payant l’abonnement 6,99 euros par mois pour un écran.

Aussi, bon nombre de ces programmes sont d’ores et déjà attitrés en programmation télévisuelle, et les semblants d’exclusivité qui y sont dévoilés ne sont que de la découverte en avance de ce qui sera ensuite diffusé à la télévision. « La télévision repose sur le principe de rediffusion. Le problème de la diffusion TVOD (télévision à la demande), c’est qu’elle est souvent basée sur un principe d’achat des droits non-exclusifs, ce qui veut dire qu’un programme se retrouvera sur de multiples sites. Or, l’exclusivité fait généralement la force », souligne Pascal Lechevallier.

Thomas Follin, directeur général de Salto, espérait miser sur les différences marquées avec Netflix : « La très grande majorité des Français n’est pas sur Netflix. Nous espérons qu’’ils viendront sur Salto. » La différence est pourtant manifeste entre les 8 millions d’abonnés que compte Netflix en France et les 200 000 abonnés de Salto. Dans la lutte entre David et Goliath, il est rare que David gagne…

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